Le thème de l’Atelier du 18 novembre concernait l’Espace. Prendre l’espace aux adversaires , en particulier avec les Piques, la couleur royale, fait partie intégrante des enchères compétitives . Plus nous prenons l’espace, plus il est difficile à l’adversaire de moduler son dialogue. Attention bien sûr, au revers de la médaille. Les enchères à saut, les barrages, les sauts fittés doivent obéir à des règles strictes sous peine d’obtenir un effet inverse, soit, barrer le Partenaire au lieu de barrer les adversaires.
Pour illustrer notre thème, regardons jouer nos champions.
To
us Vulnérables, EST donneur, EST passe et Nord ouvre d’1
. La main n’est pas très forte en point H mais l’Ouverture d’1
prend l’espace et la main comporte deux levées de défense. OUEST passe ; une intervention à 2
promettrait un plus beau Coeur. SUD dit 2
, EST passe et Nord fait l’enchère décisive de
3. Cette Enchère en conformité avec la sécurité distributionnelle, a le mérite d’occuper l’espace et agit comme un anti réveil ; le singleton Coeur faisant craindre un Fit adverse 9ème dans cette couleur . Le but recherché est atteint. Le Fit Coeur dixième des adversaires est enterré et le contrat de 3
chute d’une non contré. Certes EST aurait pu utiliser l’enchère de 3
* en 4ème position, laquelle après un fit majeur exprimé au palier de 2, promet les Coeurs et les Trèfles mais cette enchère promettrait un bicolore à honneurs concentrés sans points perdus dans les courtes, ce qui est loin d’être le cas. Elle aurait également pu ouvrir de 2
barrage, ( 5 cartes à Coeur et une mineure) convention très répandue aujourd’hui et qui a le mérite de bien décrire la main tout en prenant de l’espace .Mais l’enchère n’appartenait pas à son système. Quoi qu’il en soit, le Norvégien a pris l’espace et gagné la bataille des Fits. Cette technique, 1
, 2
, 3
est connue sous le nom de
Stratégie 1-2-3.
Le journaliste anglais et éminent bridgeur Mark Horton relate une donne du Championnat d’Europe de Pau entre la France et l’Angleterre et écrit
» Autrefois, les joueurs étaient beaucoup moins aggressifs. Quand j’ai commencé à jouer, le 2K Multi était une nouveauté.La grande majorité des séquences se déroulaient dans le silence adverse et on pouvait faire confiance aux ouvertures adverses, elles comprenaient toutes au moins 12H. Il ne nous a pas fallu bien longtemps pour comprendre que le bridge était un jeu d’erreurs , et que plutôt que d’attendre l’éventuelle erreur commise par les adversaires , nous pouvions augmenter nos chances de succès en mettant la pression pendant les enchères.Bien sûr, la façon de « mettre la pression » reste un sujet à discuter avec le Partenaire mais en tous les cas, cela passait obligatoirement par une politique d’intervention la plus fréquente possible…. »